PARTIE
2 : « Bornéo, l’île aux animaux »
Quelques jours
seulement, c’est donc le maigre capital qu’il nous reste pour explorer la
partie nord de Bornéo et découvrir ses fabuleux « zanimO ».
C’est avec une
certaine excitation, que nous regardons donc le sol se rapprocher
tranquillement de notre hublot. Nous allons atterrir à Brunei dans quelques
minutes et officiellement lancer notre dernière chasse aux animaux, notre
activité officielle durant ce voyage!
Brunei!? Mais
c’est où ça? C’est quoi, un pays ou une ville?
Brunei est en
réalité la plus vieille monarchie absolue du monde. Le sultan ou
« King » (comme il est appelé ici) dirige le pays et le droit de vote
n’existe pas. Malgré tout Brunei n’a absolument rien d’une dictature
sanguinaire. Ses habitants peuvent se vanter d’avoir le salaire minimum le plus
élevé d’Asie, et de bénéficier d’un accès à l’éducation et de soins médicaux totalement
gratuits. De plus les complexes de loisirs sont mis gracieusement à disposition
du peuple et il existe de nombreuses aides et soutiens financiers pour les
acquisitions de biens. Bref, un niveau de vie plutôt envié par les habitants
des pays voisins. Le seul hic : Jusqu’à quand tout cela va-t-il durer? En
effet, la source principale de l’énorme afflux de richesse du pays, provient
d’une chose, une seule : l’or noir. Cette micro nation roule en effet sur la
manne pétrolière, si bien qu’ici un litre d’essence coute trois fois moins cher
qu’un litre d’eau!! (environ 35 centimes d’euro!)
Notre ressentit
après notre passage ici est pourtant bien différent de celui que nous avions eu
à Dubaï. Brunei est bien plus sobre, pas d’immense building ici, mais plutôt un
petit pays où la nature a encore ses droits et dont le luxe ne se trouve que
dans les quelques bâtiments (magnifiques cela dit) construits par les différents
sultans qui se sont succédés. Le réseau de bus en est un bel exemple, ici pas de métro aérien avec "Classe Business", mais des vieux bus fatigués, dans lesquels il faut lutter pour trouver une place!
En déambulant
dans le centre-ville de Bandar Seri Begawan, la capitale, petite ville endormie
de 258 000 habitants, nous yeux se sont arrêtés sur deux choses. D’une part la
mosquée Omar Ali Saifuddien (portant le nom du père du souverain actuel), un
bâtiment d’une beauté spectaculaire, avec son dôme en or véritable, trônant au
milieu d’un lac artificiel.
D’autre part les
quartiers bordant le fleuve, tous construits sur pilotis font de la ville l’une
des plus grandes cité lacustre au monde. Nous n’avons donc pas tardé à voir
apparaitre plusieurs bateau-taxis venus nous proposer une traversée, une visite
des quartiers lacustres et même d’aller voir des singes patates (nasiques de leur vrai nom) qui vivent à
quelques kilomètres aux abords du fleuve. Pas intimidés par le temps menaçant
nous avons alors embarqué en compagnie de Wussof pour une petite heure de croisière.
Nous avons de suite étés sous le charme de sa gentillesse et de sa sincère
envie de nous faire découvrir « sa » ville. Ce qui est loin d’être
toujours le cas lors d’excursions de ce genre. Notre premier stop fut à sa
propre maison (sur pilotis bien sûr) afin d’y récupérer son fils, à qui il
souhaitait enseigner les ficelles du métier. Il nous a ensuite expliqué avec
beaucoup de passion et de détails, l’organisation de cette ville sur l’eau où
rien ne manque (poste de police, écoles, lycées et même une caserne de
pompier!). Et cela toujours avec une grande fierté, regardant souvent son fils
en souriant.
Apres quelques
kilomètres de navigation à la sortie de la ville, nous avons fini par atteindre
un petit bras de rivière où nous avons eu la chance d’apercevoir une famille de
nasiques, tranquillement poses sur leurs branches dégustant quelques feuilles
en guise de diner. Un moment d’autant plus magique d’autant que nous nous
afférions tous les quatre depuis quelques minutes à traquer le moindre signe de
vie aux alentours.
Après avoir bien
ri de leurs tronches de cake à la patate, nous avons tranquillement repris le
chemin du centre en écoutant Wussof nous compter les frasques des sultans. Nous
sommes tellement amusés et avons tellement apprécié ce véritable échange avec
notre guide et son fils que nous n’avions même pas vu le temps passer. Une fois
arrivés cela faisait déjà quasiment deux heures que nous étions partis. Après
être repassés devant la mosquée pour l’admirer de nuit nous avons rejoint notre
hôtel où nous nous sommes écroulés de sommeil.
Le lendemain nous
avons pris un bus en direction de Kota Kinabalu, la ville principale du Sabah
et nous sommes amusés des aberrations bureaucratiques, qui semble-t-il n’ont
pas de frontières. En effet, pour rejoindre notre destination par la route nous
avons dû traverser 3 fois la frontière Brunei-Malaisie. Nous arrêtant chaque
fois deux fois (pour la sortie et pour l’entrée). Plus un autre poste frontière
entre l’état du Sarawak et l’état du Sabah, ce qui porte à 7 le nombre de
tampons en moins de deux heures!
Nous ne nous
étalerons pas trop sur la ville de Kota Kinabalu, du fait de la pluie quasi
incessante que nous y avons connu. Nous avons été contraints d’y rester deux
nuits alors que nous projetions initialement d’y faire seulement étape pour se
rendre au mont Kinabalu. Le mont Kinabalu est le plus haut sommet
de Malaisie (4095 m), son ascension se fait en deux jours et demande une
bonne condition physique et surtout une
météo adéquate. Nous ne projetions que d’en faire le tour mais un petit aperçu
de la saison des pluies en aura décidé autrement, d’autant plus que ce parc
national abrite un spécimen de sangsue pouvant atteindre jusqu’à 30 cm,
définitivement pas une super idée... A la place, visite des différents marchés
de la ville et surtout réservation de notre hôtel et de nos croisières
d’observation de la faune sur la Kinabatangan River.
La rivière
Kinabatangan est un lieu idéal pour observer toute une variété d’animaux dans
leur milieu naturel : macaques, nasiques, crocodiles, calaos, éléphants
pygmées… Et cela est dû, paradoxalement, à la déforestation! En effet, le
remplacement chaque année de milliers d’hectares de forêt tropicale par des
plantations de palmier, a considérablement réduit l’habitat de ces animaux qui
ont dû déménager de le long des rives du Kinabatangan. L’exploitation agricole
visant à la production d’huile de palme est un vrai fléau écologique, ici, en
Malaisie. Il y a quelque années on disait qu’un orang outang pouvait traverser
Bornéo de part en part sans jamais toucher le sol, ce n’est bien sûr plus le
cas de nos jours.
Malgré cela, nous
avons opté pour un package de trois jours et deux nuits aux abords de ce long
fleuve avec au programme : randonnée à travers la jungle, balade nocturne et
quatre croisières d’observations des animaux. Et nous n’avons pas été déçus. Si
les orangs outang ne se sont pas montrés et que nous avons manqué le passage
d’un troupeau d’éléphants de quelques semaines, nous avons eu tout un tas
d’autres merveilles à observer. Un nombre incalculable de nasiques, de macaques
à longue queue, des crocodiles (freshwater et saltwater), des oiseaux pécheur
multicolores, de gros insectes, des écureuils, des calaos rhinocéros (surement
le plus bel oiseau de notre voyage!) et pleins d’autres petites bébêtes
rampantes, volantes, courantes ou nageantes. Bref, notre opération chasse aux
animaux a été plutôt fructueuse. Nous avions pour l’occasion loué de bonnes
jumelles afin de profiter pleinement du spectacle. Et en y collant l’appareil photo,
nous avons eu quelques zooms plutôt sympas. Ce qui a permis à Estelle de
convaincre Pascal d’investir dans le futur, dans un appareil photo un peu plus
performant à ce niveau-là. Ces quelques jours passés au bord de la rivière
auront été le temps fort de notre voyage, et valaient amplement le déplacement.
Si nous comptions
beaucoup sur ces croisières pour voir des orangs outangs, la chance ne nous
aura pas souri ce coup-ci. Mais c’est aussi là que réside la beauté de la
nature, dans cette incertitude qui rend chaque rencontre avec un animal unique
et inoubliable. Et puis nous avons eu ensuite l’occasion de nous rattraper au
« Centre de réhabilitation de Sepilok » situé une centaine de
kilomètres plus loin. Il s’agit d’un centre qui recueille les orangs outangs
orphelins, blessés et/ou victimes du braconnage. Le but étant de les réhabituer
petit à petit à la vie sauvage afin qu’ils réintègrent à terme leur habitat
naturel. Sepilok est en réalité une réserve de forêt tropicale de 40 km2 dans
laquelle ils peuvent évoluer librement une fois que leurs aptitudes et leur
santé le permettent. Certains singes arrivent dans des états de détresse, et
parfois même de dépression avancée, le travail effectué par les soigneurs est donc
assez long, le processus de réhabilitation complet prenant en moyenne de 6
à 10 ans. Cet espace n’étant pas fermé, certains singe s’en vont par eu
même et ne reviennent plus chercher l’appui de l’homme. D’autres, jugés aptes,
sont parfois transportés en hélicoptère vers d’autre zone de forêt afin de les
repeupler. Le travail effectué dans ce centre est très intéressant et nous
pourrions en parler des heures mais le mieux si vous souhaiter plus d’info est
de faire un tour sur leur site en cliquant ICI.
Arrivés à notre
auberge à la mi-journée, nous avions prévu de nous reposer et de passer la journée
au centre le lendemain ; mais nous ne pouvions plus attendre pour découvrir
ces incroyables mammifères et nous nous y sommes rendus de suite. Les visiteurs
ne peuvent accéder qu’à une infime partie de la réserve, comprenant la nurserie
et un point d’observation près de l’une des plateformes de nourrissage. Nous
avons donc attendu patiemment guettant les premiers signes de leur arrivée, un
arbre qui bouge, une corde qui tremble... Le centre accueille en ce moment une
quinzaine d’orangs outans, mais tous ne viennent pas jusqu’à la plateforme, ils
ne sont parfois que 3 ou 4, ou aucun. De notre côté, nous avons eu la chance
d’en voir 7 dès le premier jour. Ce fut un moment magique! Leur adresse,
leur dextérité et surtout leurs mimiques et attitudes nous ont directement
conquis.
Le lendemain nous
avons eu un peu moins de chance avec le nourrissage du matin, nous n’en avons
aperçu que trois, mais nous nous sommes fait une belle frayeur ensuite sur la
passerelle menant à la nurserie. Nous étions tout contents de voir deux
macaques se diriger vers nous le long de la rambarde. Mais ces deux singes se
sont vite transformés en une bande d’une dizaine, venus nous encercler, « attaquant »
Estelle !! (Un singe a tenté de lui tirer les cheveux…) Nous avons passé
notre chemin rapidement pas très rassurés
par leurs cris et leurs grandes dents acérées! Et oui! Il ne faut avant tout
pas oublier que c’est la jungle et que d’autres animaux y vivent et sont plus
ou moins intimidés par l’homme.
Enfin, le nourrissage
de l’après-midi fut encore une fois un moment magique, ces mêmes macaques étant
de retour, cette fois ci pour chaparder le repas des orangs outans. Apres un
long processus de méfiance et d’intimidation, les grands singes s’en sont allés,
laissant les restes aux macaques.
Après nos
émotions de la journée, nous avions entrepris de rejoindre la sortie de la
réserve, quand Pascal a eu envie d’aller faire un petit tour sur une passerelle
par encore explorée. Et là, talaaaam… Nous qui pensions être au bout de nos
surprises, nous entendons un drôle de bruit en contrebas. Ce que nous avions
pris au départ pour deux gros cochons sauvages étaient en réalité deux petits éléphanteaux
pygmées!! Nous ne nous attendions pas du tout à en voir ici, et pour cause ils
vivent généralement beaucoup plus loin dans la forêt. Il s’agissait en réalité
de deux petits recueillis très récemment au centre de réhabilitation. En
discutant avec un soigneur celui-ci nous a expliqué qu’ils s’étaient enfuis de
la zone de quarantaine lors de leurs exercices quotidiens et que nous étions
très chanceux de les avoir vus car ils n’étaient pas du tout destinés à
approcher le public. Nous avons été interdit de photos par les soigneurs,
essayant tant bien que mal de les ramenés à bon port. Surement pour éviter
que cela s’ébruite et n’arrive aux oreilles du patron! Quoi qu’il en soit cette
rencontre imprévue a été une aubaine pour nous. Nous avons rejoint notre auberge
le soir, des étoiles plein les yeux…
C'est sur cette
belle note que se termine notre escale en Malaisie, nous rejoindrons demain
Singapour via Kuala Lumpur, pour deux dernières journées avant l’ultime
décollage.
On vous embrasse
fort et on vous dit plus que jamais, à très vite!!
Pastel =)
Des souvenirs pleins la tête, les yeux remplis d'images. On voit que vous avez profitez a fond votre voyage. Vous avez une sacrée condition physique maintenant.
RépondreSupprimerEt dire qu'Estelle refusait catégoriquement de marcher même un petit kilomètre quand elle était petite, comme quoi Pascal tu l'as bien motivé. Bisous
Trop bien votre article ... trop belles vos photos .... vous me faites regretter de ne pas être resté avec vous un mois de plus ... Ce weekend avec Nathalie sommes descendus dans le Var et à Marseille pour montrer les photos de notre séjour avec vous en Australie ... très bon souvenir ....
RépondreSupprimerA mercredi .... Gros Bisous ....